Depuis quelques jours, on parle de tarifer l’accès à la rivière Bonaventure. Hier, La ZEC de la rivière Bonaventure, qui est gérée par l’association des pêcheurs sportifs de la Bonaventure (APSB), a fait connaître une petite partie de son plan, gardant cachées les parties les plus inacceptables de celui-ci.

La position de Cime Aventures

  • L’accès à la rivière Bonaventure, mais plus largement au territoire, pour la population doit être GRATUIT.
  • Tous les usages récréatifs (descente, baignade, apnée, pêche) sont égaux et doivent être traités équitablement.
  • C’est à Cime Aventures et la ZEC, pas à la population, d’assumer les frais d’aménagement du territoire (toilettes, aires de repos, aires de camping) pour permettre l’utilisation durable et la protection de la rivière Bonaventure.
  • Les aires de services sanitaires sur le territoire doivent être ouvertes à tous les usagers sans ségrégation relative au type d’usage.
  • Les heures de mise à l’eau et de sortie de l’eau doivent permettre des descentes de rivière en embarcation de plaisance agréables et sécuritaires: les descentes de rivière ne doivent pas devenir des courses à obstacles.
  • Les municipalités riveraines de la rivière Bonaventure ont la responsabilité de donner accès au cours d’eau et il y a un grave problème d’accessibilité sur la rivière Bonaventure. 
  • Les conclusions préliminaires de l’étude de capacité de support menée par le Ciradd entre 2017 et 2020 ont été balayées du revers de la main par la ZEC pour l’élaboration de leur plan digne d’un retour au temps des clubs privés.
  • Cime n’a pas d’objectif de croissance pour ses activités sur la rivière Bonaventure, mais il est hors de question que nous acceptions la baisse de 75% qui est proposée dans le plan de l’association des pêcheurs sportifs de la Bonaventure (APSB) ou ZEC.
  • Nous sommes pour la pêche, qu’elle permette de manger ou pas, mais nous considérons dérisoire que les intérêts des saumons soient représentés par ceux qui les pêchent.

PLAN DE DÉVELOPPEMENT DES ACTIVITÉS RÉCRÉATIVES

Tout d’abord, il est requis que tous sachent que la ZEC n’a pas les pouvoirs requis pour appliquer tel quel le plan de développement des activités récréatives qu’elle propose.

AVIS JURIDIQUE

Voici un extrait des conclusions de “L’avis juridique portant sur les restrictions à la navigation sur la rivière Bonaventure” que Cime Aventures est allé chercher auprès d’une firme d’avocats spécialisée en gestion de l’eau:

“À la suite de notre analyse ci-après et en nous fondant sur les renseignements reçus, nous sommes d’avis que l’ASPB ne peut réglementer ou limiter, par le biais d’un PDAR, les activités nautiques (descente de rivière) sur la rivière Bonaventure, puisque ce pouvoir ne lui a pas été octroyé par la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune et le Règlement sur les zones d’exploitation contrôlée de pêche au saumon et qu’au surplus, le pouvoir de réglementer ces activités relève de la compétence fédérale sur la navigation et les bâtiments ou navires.

Pour ces raisons, il est de notre avis que le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs doit s’abstenir d’approuver le projet de PDAR, du moins quant à ses dispositions touchant à la navigation sur la rivière Bonaventure.

À la suite de notre analyse, nous constatons que l’APSB s’apprête à imposer aux usagers de la rivière Bonaventure des restrictions à la navigation qui sont, à notre avis, inconstitutionnelles. Comme le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs n’a pas non plus la compétence pour entraver le droit de naviguer sur la rivière Bonaventure, nous recommandons à Cime de faire savoir audit ministre qu’il ne doit pas approuver le PDAR, si jamais sa version finale contenait bel et bien des restrictions à la navigation. Dans le cadre de cette communication, Cime pourrait également aviser le ministre qu’elle considère que de telles restrictions à la navigation ne lui seraient pas opposables, étant donné leur inconstitutionnalité.”

TARIFICATION

Cela fait plus de 20 ans que Cime Aventures s’oppose à la ZEC contre la tarification pour l’accès au territoire. Une telle tarification ne ferait que creuser les inégalités sociales. D’autant plus que la ZEC propose une tarification journalière 30% plus chère que celle de la SÉPAQ en plus d’appliquer le tarif adulte dès 11 ans. Veut-on vraiment que la rivière Bonaventure redevienne la chasse-gardée de l’élite “pêcheurs de saumons” comme ce fut le cas pendant 107 ans (1871-1978) pour la rivière Bonaventure ?

LIMITER LA NAVIGATION POUR LA POPULATION

Outre la tarification, la ZEC planifie de limiter de manière drastique l’accès à la rivière pour les descendeurs autonomes (non commerciaux), accès qui n’a jamais été limité de quelconque façon que ce soit. Voici un tableau récapitulatif des orientations du PDAR concernant les descendeurs autonomes que la ZEC planifie soumettre au Ministère Faune Forêt et Parcs pour approbation:

RÉSUMÉ DES PROPOSITIONS DE LA ZEC POUR LA NAVIGATION AUTONOME SUR LA RIVIÈRE BONAVENTURE

Secteur de la rivièreNombre d’embarcations et de personnes 

Durée de la descente et 

heures de navigation autorisée

Aucun arrêt autorisé sauf :

Km 65 au km 28

Embouchure Rivière Big Ouest à la passerelle de St-Alphonse) 

Distance de 38 Km 

10 embarcations ou maximum 15 personnes.

Obligation de réserver pour deux jours pour pagayer ce secteur (canot-camping): aucune descente d’une journée. 

Navigation entre 10:00 à 16:00

D-86 Bogan Bridge (Amont)

D-81 Trois Chenals (Aval)

C-70 Burton Flat

B4-67 Luna

Km 28 au km 8

Passerelle de St-Alphonse au pont du rapide plat

Distance de 20 Km

20 embarcations ou maximum de 30 personnes

Navigation entre 11:00 et 16:00 

*Cette durée représente une diminution de 1:45:00 de celle qui était allouée aux clients de Cime Aventures en 2020. 

B3-90 Du Portage

B1-36 Murphy’s Camp

B1-30 Lunch

Baignade Malin (à confirmer)

Km 8 au km 0

Pont du rapide plat à l’estuaire de la rivière Bonaventure

Distance 8 km

20 embarcations ou maximum de 30 personnesNavigation entre 11:00 et 16:00Pas d’aire de repos désigné

Km 12 au km 9

Rang 7 à Cime Aventures

Distance 3 km

Descente en nage de surface/équipement flottaison interdite.

La baignade au Malin est interdite à moins qu’il  ait une entente entre le Malin, Cime et le Camp Bonaventure.  

Comment est-il possible pour  Cime de convenir d’une telle entente si toutes ses activités dans cette zone sont interdites?

 

ENREGISTREMENT OBLIGATOIRE POUR TOUS

Il est à noter que tous les usagers de la rivière devront s’inscrire quotidiennement au bureau de la ZEC s’ils désirent faire une excursion sur celle-ci. Cette obligation devrait s’appliquer aussi aux riverains qui disposent d’embarcations à leur quai ou terrain. Non seulement la ZEC n’a aucune expérience pour la gestion d’une telle logistique, mais beaucoup de gens dont les riverains risquent d’être refusés car les maximums autorisés sont bien en deçà de la demande.

TYPE D’EMBARCATION

Seulement les embarcations contrôlables et propulsées par des pagaies seraient autorisées. Voilà une autre façon de creuser les inégalités sociales, puisque les équipements de flottaisons pneumatiques sont beaucoup plus abordables que les canots et kayaks. 

NIVEAU D’EXPÉRIENCE

Selon la proposition de la ZEC, tous les secteurs en amont de Cime Aventures s’adressent aux descendeurs expérimentés ou très expérimentés. Bien que la rivière Bonaventure soit reconnue comme rivière accessible et sécuritaire et que 30 années de descente sans accident corroborent bien cette vision, il est proposé d’interdire l’accès aux débutants et aux novices. 

RÉFÉRENCES UTILISÉES PAR LA ZEC

Comité multipartite

La ZEC affirme que le document est issu d’une consultation entre 12 partenaires du milieu, dont Cime Aventures ne fait pas partie. Parmi ces partenaires, les seuls représentants de la population sont quatre propriétaires riverains de la rivière Bonaventure voisins de Cime Aventures. Pour deux de ces propriétaires, il ne s’agit pas de résidence principale, mais de chalet. Dans cette démarche, les intérêts de la population n’ayant pas accès à la rivière ne sont aucunement représentés. Le mode de nomination et de représentativité du comité a été amené comme sujet à régler en réunion par Cime Aventures à de multiples reprises et jamais adressé par les intervenants. Ni Monsieur le maire de Bonaventure, Roch Audet, ni le Conseil de l’eau Gaspésie Sud, ni la ZEC de la rivière Bonaventure n’ont mis de l’avant les intérêts de la population alors que ces trois organismes ont dans leur devoir de favoriser  non seulement la préservation de la ressource qu’est la rivière Bonaventure mais aussi d’assurer son accessibilité. Depuis sa création, le comité multipartite est un comité partial où les intérêts des pêcheurs et des riverains, qui souhaitent la privatisation des berges publiques, sont surreprésentés et ceux de la population en général ignorés.

Étude de capacité de support du CIRADD

La ZEC cite également des parties de l’étude de capacité de support de la rivière Bonaventure menée entre 2017 et 2020 par le Ciradd mais omet de mentionner que:

  • Les conclusions préliminaires de l’étude ne requièraient pas de diminution substantielle d’achalandage sur la rivière Bonaventure;
  • La perception des pêcheurs quant à l’achalandage est négatif vis-à-vis des canoteurs, kayakistes, baigneurs mais aussi à l’égard des autres pêcheurs;
  • L’étude de capacité de support du Ciradd a été arrêtée prématurément, avant la livraison des conclusions finales, par la ZEC afin de mettre en place un plan de développement des activités récréatives visant à limiter l’accès à la rivière non pas pour protéger la ressource, mais pour protéger l’activité de pêche.
  • 150K de fonds publics ont été investi dans cette étude, investissement complètement anéanti lorsque la Zec a réalisé que les résultats n’allaient pas dans le sens qu’elle désirait.

LA RIVIÈRE BONAVENTURE COMME MOTEUR SOCIO-ÉCONOMIQUE

L’approbation et l’application d’un tel Plan de développement des activités récréatives (PDAR) mettrait en péril l’avenir de Cime Aventures et les 13,5 millions de retombées économiques générées annuellement de ses clients. Pour la préservation de la ressource saumon, il est évident que le passage d’embarcations non motorisées a beaucoup moins d’impact que la graciation (catch and release) pratiquée depuis plusieurs années par le pêcheurs de saumons. Pour la préservation plus large de la faune et de la flore, Cime Aventures dispose depuis maintenant quatre ans d’un plan de développement durable résolument axé sur la protection environnementale de la rivière Bonaventure. De plus, Cime Aventures a amorcé depuis deux ans un processus d’adhésion à la norme internationale ISO 14 001 en management environnemental, une toute première pour une entreprise gaspésienne.

CONCLUSION

Nous sommes actuellement témoins d’une dérape de la part de l’Association des pêcheurs sportifs de la Bonaventure qui considère encore que le droit ancestral de pêcher pour se nourrir s’applique dans le cas de la pêche sportive et place le statut de pêcheur au-dessus de tous les autres types de mise en valeur du territoire. Devant l’engouement croissant de la population pour les activités de plein air sans prélèvement de la ressource saumon, la ZEC fait une d’une tentative, sans précédent au Québec, d’appropriation privée d’une ressource publique qui doit être accessible à tous. C’est d’autant plus alarmant que cette situation se passe avec l’appui et l’aide du maire de Bonaventure et du Conseil de l’eau Gaspésie Sud. Il est temps que la ZEC de la rivière Bonaventure prenne en compte les intérêts de tous et non seulement ceux d’un club très sélect de pêcheurs de saumons. 

Devenir membre de la ZEC avant le 11 avril 2020  afin de pouvoir voter à la l’assemblée générale annuelle du 27 avril est la prochaine étape nécessaire pour tous ceux à qui la rivière Bonaventure tient à cœur. 

Consultez les références suivantes :

Le projet de plan de cohabitation de la ZEC:

COHABITATION BONA 2021 (Proposition) 17 mars.doc (2)

COHABITATION BONA 2021 (Tableau synthèse) 17 mars

Depuis 20 ans, le nombre d’embarcations autorisées par secteur pour Cime Aventures sont issus d’une entente avec la ZEC de la rivière Bonaventure et Cime Aventures. Les termes de ces ententes sont suivis scrupuleusement par Cime Aventures. Voici l’entente complète de 2020, qui était une reconduction de l’entente de 2019.

Entente cohabitation ZEC Cime 2020 (signée)

Voici les ententes précédentes:

Entente de cohabitation 2017 signée par tous

Entente de cohabitation 2018 signée par tous

Les rapports du CIRADD dans le cadre de l’étude de capacité de support:

Rapport_PART_sondage_2019_rivière Bonaventure

Rapport_Gouvernance_2014022 (1)

Rapport consultation publique rivière Bonaventure

Voici un document de travail présenté par Cime Aventures à la ZEC en october et à l’ensemble des membre du comité de co-construction du PDAR par la suite. Le document contient des solutions concrètes et pratiques aux problématiques rencontrées à l’été 2020. Nous étions prêts à en assumer les coût à ce moment-là et le sommes encore. Dommage qu’il n’ait pas été considéré en amont des procédures judiciaires:

Rivière Bonaventure 2021 – vers un PDAR – oct2020

 


4 thoughts on “La gratuité d’accès à la rivière Bonaventure est en péril”

  • Frank ( 1 April 2021 à 3:54 pm ) :

    Ça fait un demi siècles que la population de bonaventure est tres consciente de l’environnement entourant la rivière si elle est dans une si belle état et attrayante c’est grâce à la population.
    Maintenant un petit groupe veut décider a notre place ce qui est bon pour nous.
    Je suis contre la proposition de la zec

  • Marc ( 1 April 2021 à 8:51 pm ) :

    Comment devenir membre?
    Je ne trouve pas

  • Cathy Fortin ( 3 April 2021 à 4:36 pm ) :

    Je suis déménager en Gaspésie car l’accès à la nature est plus facile que dans des endroits comme, exemple, Les Laurentides où il faut payer pour tous, les randonnées, les accès aux parcs (SÉPAQ) le kayak, etc…En Gaspésie, je peux faire du kayak un peu partout sans avoir à débourser quoi que ce soit, tous en respectant les rives et sans déranger personne. J’ai aussi descendu La Bonaventure de façon autonome avec mon conjoint et mon chien. J’avoue que quand nous avons croisé des pêcheurs, ils ont été courtois, mais j’avais quand même l’impression d’être l’intrus.

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